En Algérie, les psychotropes : une augmentation de plus de 100%
Ce genre de trafic risque de supplanter celui du cannabis
Plus d’un demi-million de comprimés de psychotropes ont été saisis durant la période allant de juin 2012 à juin 2013. Plus exactement 691 234 comprimés étaient détenus par des réseaux de trafic international, neutralisés par les services de police. Le trafic de psychotropes est en voie de supplanter celui du cannabis. Ce genre de commerce illicite a atteint, ces dernières années, une augmentation de plus de 100%.
L’Office national de prévention et de lutte contre la toxicomanie avance des chiffres hallucinants : 108 195 comprimés de différentes marques et 19 flacons de type valium ont été récupérés pendant le seul mois de mai de l’année en cours. Rivotril Diazepam, Témesta et Roxil sont traditionnellement les produits pharmaceutiques les plus demandés. La nouveauté, c’est la consommation de l’Artane.
Un médicament préconisé pour soigner la maladie de Parkinson ou les effets secondaires des neuroleptiques. Au prix de 400 à 600 DA l’unité, “Madame courage” n’a épargné aucune catégorie sociale.
Les jeunes viennent en tête de liste.
En période de pénurie, la boîte de Valzépam est cédée à pas moins de cinq fois son prix réel. À croire la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), près de 300 000 personnes consomment de la drogue en Algérie, essentiellement du cannabis et des psychotropes. Et le pays compterait plus d’un million de consommateurs occasionnels.
Ces pilules font perdre à ceux qui les consomment toute connaissance de la réalité. Ils sont l’une des causes qui poussent les jeunes délinquants à commettre des agressions et des meurtres.
Un spécialiste en psychiatrie certifie que, les psychotropes diminuent de 80% les capacités de jugement, ce qui rend le passage à l’acte plus facile. Les services de sécurité traitent une moyenne annuelle de 15 000 affaires liées au trafic, à la consommation et à la commercialisation des stupéfiants en Algérie. 23% des personnes arrêtées dans le pays pour consommation et trafic de stupéfiants sont des jeunes âgés de moins de 35 ans. Plus de 300 personnes meurent chaque année des conséquences très néfastes de la drogue. La gendarmerie vient d’ouvrir une enquête dans plusieurs wilayas de l’est du pays, sur l’implication de pharmaciens et de médecins dans la vente illicite de substances psychotropes.
L’ampleur que prend ce trafic est dû, en effet, essentiellement à un détournement à partir d’une source licite : laboratoire pharmaceutique, pharmacies ou fausses ordonnances médicales. On sait également qu’il existe des grossistes trafiquants qui facturent à l’insu des pharmaciens afin de détourner le produit du circuit autorisé par un simple jeu d’écriture. L’absence d’accusé de réception complique la tâche de traçabilité de l’opération. L’est du pays est considéré comme une région
à forte concentration de ce type d’activité.
Par : Nissa HAMMADI
Liberté 18 juillet 2013