Troisième rencontre internationale de l'hôpital Frantz Fanon : "Adolescence et toxicomanie"
Le phénomène de la toxicomanie est "un problème de société complexe et préoccupant", selon des experts réunis en fin de semaine à Blida à l'occasion de la troisième rencontre internationale de l'hôpital "Frantz Fanon" sur la toxicomanie.
Cette rencontre, placée sous le thème "Adolescence et toxicomanie" et animée par des experts nationaux et étrangers, a eu le mérite de proposer quelques pistes de réflexion sur les différentes stratégies de lutte, de prévention et de prise en charge des toxicomanies. Mais, elle n'a pu apporter tous les éléments de réponse aux nombreuses interrogations concernant ce phénomène en Algérie, en raison de l'absence d'indicateurs scientifiques permettant d'apprécier la situation en matière de toxicomanie.
Pour le professeur Bachir Ridouh, psychiatre légiste, responsable du service de prévention et de soins aux toxicomanes du CHU de Blida, "la situation de toxicomanie de masse chez les jeunes Algériens est générée par deux facteurs principaux". Il s'agit, dit-il, de "l'accroissement démographique très rapide qui fait que l'Algérie est l'un des pays les plus jeunes au monde, la tranche d'âge des 15-24 ans représente près de 20% de la population globale". "A cela, précise-t-il, il faut ajouter la "crise politique, économique et sociale qui a secoué le pays depuis 1988 et qui a touché par ses différents aspects (chômage, misère,...) essentiellement la jeunesse qui est devenue socialement instable, prête à toutes les aventures et à tous les risques dont ceux de la drogue".
Selon une enquête sur la consommation des psychotropes parmi la tranche d'âge 15-24 ans, réalisée à Alger en juin 1990, 45% des consommateurs de substances toxiques se situaient dans cette tranche d'âges. Une seconde enquête effectuée toujours à Alger en octobre 1991 sur la consommation de substances psychoactives (psychotropes, kif, drogues dures, alcool) a montré qu'un quart des consommateurs se situe dans la tranche d'âge des 15-19 ans. Toujours selon la même enquête, les adolescents qui vivent déjà une phase critique de l'évolution de l'individu avec une profonde transformation psychologique subissent mal les bouleversements du monde qui les entoure.
Les problèmes de l'échec scolaire, de l'exclusion, l'éclatement de la famille, la promiscuité et la crise du logement, auxquels il faut ajouter le chômage, le vide culturel, l'oisiveté et le manque de loisirs font que le jeune se trouve en proie à tous les risques en tentations de fléaux sociaux tels que l'usage et l'abus de tabac, d'alcool, de drogue et autres produits toxiques selon des experts.
El Moudjahid
26 avril 2003