La consanguinité : risque d’anomalies génétiques
Congrès Français de Psychiatrie
7ème EDITION
Lille – Grand Palais
du 25 novembre au 28 novembre 2015
Session SFAP le 25 novembre 2015
Sous la présidence de Madame le Professeur MANOUVRIER-HANU Sylvie
La consanguinité : risque d’anomalies génétiques
Une étude prospective parue dans The Lancet1 a considéré la consanguinité comme un facteur de risque d’anomalies congénitales. Les auteurs ont analysé les données d’une cohorte de naissance, entre 2007 et 2011 à Bradford, ville multiethnique, située dans l'ouest de l'Angleterre et qui comprend notamment une forte communauté pakistanaise. La cohorte comprenait 13 776 nouveau-nés. Sur l’ensemble de la cohorte, 386 (3%) avaient une anomalie congénitale. Le risque était plus élevé pour les mères d'origine pakistanaise, dont 18% des bébés étaient issus d’unions entre cousins au premier degré, ce qui multiplie par deux le risque de malformations des enfants.
Globalement, un cinquième de la population humaine dans le monde vit dans des communautés ayant une préférence pour les mariages consanguins, et au moins 8,5% des enfants ont des parents consanguins (2). La consanguinité est une tendance sociale profondément enracinée parmi les populations au Moyen-Orient, en Asie occidentale et en Afrique du Nord, ainsi que parmi les émigrants de ces communautés résidant aujourd'hui en Amérique du Nord, en Europe et en Australie.
Les conséquences de ces unions sur la fréquence des maladies à déterminisme génétique sont importantes. A côté de l’augmentation d’incidence des maladies autosomales récessives, la consanguinité serait également incriminée dans l’augmentation des maladies complexes, multifactorielle telles que les troubles mentaux3. Les rares études d’épidémiologie génétique auprès de populations consanguines et /ou constituant des isolats géographiques confirment l’existence d’un lien significatif entre consanguinité et troubles mentaux, l’augmentation du risque au sein de la descendance des couples consanguins et augmentation de la fréquence de la schizophrénie et des troubles bipolaires dans la descendance de parents consanguins4.
Cette session va permettre à de jeunes chercheurs algériens de présenter leurs travaux sur la consanguinité, la première étude concernant la schizophrénie et le trouble bipolaire, la seconde l’épilepsie.
Mohammed Taleb
Références :
1. Sheridan E, Wright J, Small N, Corry PC, Oddie S, Whibley C, Petherick ES, Malik T, Pawson N, McKinney PA, Parslow RC. Risk factors for congenital anomaly in a multiethnic birth cohort: an analysis of the Born in Bradford study. Lancet. 2013 Oct 19;382(9901):1350-9.
2. Modell B, Darr A. Science and society:genetic counselling and customary consanguineous marriage. Nat Rev Genet. 2002 Mar;3(3):225-9).
3. Bittles AH, Black ML. Evolution in health and medicine Sackler colloquium: Consanguinity, human evolution, and complex diseases. Proc Natl Acad Sci U S A. 2010 Jan 26;107 Suppl 1:1779-86
4. Dahdouh-Guermouche, A., Taleb, M., Courtet, P., Semaoune, B.,Malafosse, A., 2013. Consanguinité, schizophrénie et trouble bipolaire. Ann. médico-psychol. 171, 246—250.
Communication 1
Titre : Aspects socio-culturels de la consanguinité
Orateur : Mohammed TALEB
Communication 2
Titre : Troubles psychotiques et consanguinité en Algérie : étude familiale
Orateur : Aïcha DAHDOUH GUERMOUCHE
Communication 3
Titre : Consanguinité et épilepsie en Algérie : étude cas-témoins
Orateur : Amina CHENTOUF MEZOUGHI