Suicides à Constantine : la « magie » fatale des ponts
Le suicide, un phénomène ô combien tabou dans la société musulmane mais qui prend de plus en plus d'ampleur dans la ville de Constantine, devenue malheureusement plus connue, non pas pour la singularité de ses ponts, mais plutôt pour leur attraction de personnes dépressives qui y voient le moyen le plus « efficace » d'en finir une fois pour toutes avec la vie, des personnes qui parfois viennent des wilayas avoisinantes.
Chômage, malvie, pressions familiales, parfois consommation de drogues et autres contraintes de l'existence sont devenus autant de facteurs déclencheurs d'une décision si radicale. Mettre fin à ses jours pour ne plus avoir à affronter ce qui oppresse ou même ce qui pèse. Certains n'arrivent plus à s'en sortir. Les chiffres sont d'autant plus alarmants si l'on considère le nombre élevé de suicides enregistrés l'année écoulée. En effet, Constantine, à elle seule, a enregistré pas moins de 35 suicides pour la période s'étalant de janvier à décembre 2004. Même si la majorité des victimes reste relativement jeune, le phénomène a touché des personnes dont l'âge varie entre 19 et 54 ans. Et contrairement à certaines idées reçues, les femmes ne détiennent pas le quota le plus élevé dans ces statistiques, puisqu'elles partagent ce triste bilan, quasiment à parts égales, avec les hommes. Néanmoins, on constate que le plus grand nombre de personnes s'étant jetées par l'un des ponts de la ville, ce sont les femmes. Face à seulement sept hommes et pas moins de douze femmes. Ainsi sont devenus les ponts de Sidi M'cid, Sidi Rached et la passerelle Mellah Slimane - des lieux de prédilection pour certains suicidaires - qui suscitent à chaque fois de spectaculaires attroupements de riverains traumatisés d'avoir assisté à la scène. Contrairement à ceux qui ont choisi cette mort pour le moins « abominable », seules cinq personnes ont choisi, au risque de « se rater », de sauter d'un étage de bâtiment ou d'un édifice plus ou moins haut. Même si toutes les méthodes restent barbares et qu'il est saugrenu de privilégier une méthode sur une autre, quatre personnes ont préféré la méthode de la strangulation plus violente et plus brutale. Outre un homme en prison qui n'avait pu trouver plus efficace, les trois autres victimes sont des personnes dont l'âge n'excède généralement pas la trentaine et, qui, aidées d'un câble électrique ou d'une simple corde, en ont fini avec leur vie et les problèmes qui la rythmaient. Cependant, il est évident que les personnes suicidaires mesurent parfaitement l'éventualité que leur action débouchera sur une admission aux urgences suivie d'un lavement gastrique. Ainsi, l'ingurgitation de produits toxiques reste assez rare, même si une jeune femme âgée de vingt ans à peine est passée de l'autre côté de la barrière après avoir bu une grande quantité d'eau de Javel. Les habitants de la nouvelle ville Ali Mendjeli ont, quant à eux, terminé la dernière journée de l'année écoulée par l'annonce du suicide d'une femme de 37 ans qui s'était asphyxiée en inhalant du gaz. A signaler la coopération inaltérable de la Protection civile pour la disponibilité de ses services, quant à l'obtention des chiffres sur le fléau du suicide à Constantine.
Inès M.
El Watan