9 tentatives de suicide en 48 heures
Il ne se passe pas un jour sans qu'on parle d'un ou de plusieurs cas de suicide ou autres tentatives. Une triste réalité qui touche notre société et dont les chiffres ne cessent d'augmenter. A Oran et durant les dernières 48 heures, les services des urgences médico-chirurgicales du CHU d'Oran ont enregistré neuf tentatives de suicide. Toutes ces tentatives ont été faites par des jeunes filles âgées de 16 à 38 ans. Huit parmi elles ont tenté de mettre fin à leurs jours en ingurgitant des médicaments. Une autre a choisi l'eau de javel pour le faire. Trois d'entre elles sont originaires d'Es-Sénia, les autres de différents quartiers d'Oran. Elles ont subi un lavage d'estomac et leur jours ne sont plus en danger.
Considéré comme sujet tabou, le fait d'attenter à sa propre vie fait désormais partie de la vie quotidienne. Ce genre de crime contre soi concerne autant les femmes que les hommes, avec quand même cette tendance à se concentrer chez les jeunes âgés de 18 à 45 ans. Il est vrai que le suicide n'est pas spécifique à l'Algérie. Cependant, à Oran, le nombre de tentatives de suicide a considérablement augmenté, passant de 295 cas en 2001 à 400 cas en 2002, 508 cas en 2003 pour atteindre 629 tentatives et une soixantaine de cas de suicide «réussis» en 2005. En 2006, une soixantaine (plus de 58) de personnes se sont suicidées sur quelque 300 tentatives. Des chiffres qui ne sont pas réels. Certains suicides n'ont jamais été déclarés. Les tentatives de suicide sont cinq fois plus importantes que l'acte lui-même car, hormis les cas d'absorption de barbituriques et donc d'admission à l'hôpital, le reste n'est jamais déclaré.
Quant aux causes, elles sont familiales, professionnelles, dues à une situation socio-économique ou à des troubles psychologiques. D'autres sources affirment qu'en Algérie, ce sont environ 10.000 personnes qui tentent de mettre fin à leurs jours chaque année, pour la plupart des adolescents, dont un millier réussissent leur coup. Les spécialistes ont estimé que les principales causes du suicide sont, dans la majorité des cas, impossibles à connaître du fait que ce geste désespéré a toujours été considéré par la société comme étant «un acte contraire à l'Islam et aux traditions». D'autres spécialistes affirment que «le suicide en tant que phénomène social se développe de façon notable dans les périodes de paix, intervenant après une crise économique aiguë ou une guerre prolongée. Aussi, il est normal que l'Algérie, qui vient de sortir d'une longue décennie de terrorisme et de violence, accuse le coup en ce moment». «L'autre facteur est lié aux transformations de la société algérienne et aux changements des moeurs et habitudes de vie et de comportement.
J. Boukraâ
Le Quotidien d'Oran
18 avril 2007