Premier Congrès algéro-français de psychiatrie
Les états post-traumatiques de la guerre d'Algérie
«Les états post-traumatiques liés à la guerre d'Algérie et les phénomènes complexes de la mémoire post-traumatique», étaient le thème principal du premier congrès de la société franco-algérienne de psychiatrie organisé les 3 et 4 octobre 2003 à l'hôpital européen Georges Pompidou à Paris. Cette première rencontre organisée à l'occasion de Djazaïr, une année de l'Algérie en France, a été entièrement consacrée à la guerre d'Algérie, ce chapitre de l'histoire entre l'Algérie et la France qui suscite, selon les organisateurs quelques passions.
A cet effet, le président de la société, le Dr Taleb Mohamed, dira que "les centaines de milliers de morts, les populations déplacées, les destins personnels et collectifs irrémédiablement marqués, doivent nous conduire à la nécessité d'un effort de réflexion et à faire le point sur les conséquences traumatiques et psychologiques engendrées par les drames de la guerre". "Il est d'ailleurs frappant de constater à ce sujet, la rareté des travaux, tant au niveau algérien que français", a précisé le Dr Taleb Mohamed. Le programme de cette rencontre, présidée par les professeurs Henri Loo, Farid Kacha et Frédéric Rouillon, porte sur deux axes principaux, relatifs aux psychotraumatismes liés à la guerre d'Algérie et à leur devenir. Les aspects évolutifs à long terme et les diverses expressions de la mémoire post-traumatique ont été abordés par les communautés médicales algériennes et françaises présentes. La question étant de savoir ce que sont devenus ces états quarante ans après. Les participants ont affirmé à ce sujet que les éléments cliniques constatés ici et là chez les personnes ayant vécu de tels traumatismes, laissent à penser que l'oubli n'est qu'apparent.
Le deuxième axe du congrès s'est articulé autour du thème de la guerre d'Algérie et de la mémoire, des interventions multidisciplinaires. Les sociologues, historiens, psychologues et psychiatres ont évoqué, à ce sujet, les liens qu'entretiennent les mémoires traumatiques individuelle, collective et la mémoire historique.
Le professeur Frederic Rouillon, président du Congrès, a expliqué que la psychiatrie française comme l'algérienne "n'est jusqu'à ce jour pas beaucoup plus loquace sur les victimes psychotraumatiques de la guerre alors que la réflexion clinique occupe depuis toujours le champ de la psychopathologie, les conséquences médico-psychologiques de la guerre d'Algérie semblent ne pas pouvoir s'exprimer", a-t-il fait remarquer.
Au-delà du thème du psychotraumatisme lié à la guerre d'Algérie, le congrès s'est ouvert, deux jours durant, à des interventions multi-disciplinaires, historiques, sociologiques et authropologiques.
El Moudjahid
4 octobre 2003