10 000 policiers soumis à des tests psychologiques depuis 1999
La prise en charge des fonctionnaires de la Sûreté nationale en débat
489 policiers souffrent de traumatismes, soit 0,47% de l'effectif total, 23 se sont suicidés entre 1997 et 2005 et quelque 10 000 ont été soumis à des tests psychologiques depuis 1999. Ces chiffres avancés par les participants à la rencontre sur la prise en charge des fonctionnaires de la Sûreté nationale victimes de pyschotraumatismes révèlent l'ampleur des séquelles du terrorisme subi par ce corps de sécurité durant la décennie rouge. Aujourd'hui encore, de nombreux agents de l'ordre ayant opéré dans la lutte antiterroriste traînent un stress post- traumatique qui nécessite une réelle prise en charge.
C'est ce qu'ont vivement souligné les intervenants aux travaux de ce séminaire organisé par la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) mercredi et jeudi derniers à l'Ecole supérieure de police de Châteauneuf. Dans ce cadre, il a été préconisé le «renforcement de la coopération entre toutes les parties concernées et de tirer profit des compétences des spécialistes dans le domaine psychologique afin de promouvoir et d'améliorer la prise en charge psychologique des fonctionnaires de la Sûreté nationale». L'objectif de cette rencontre, deuxième du genre, est d'«élaborer une vision globale en matière de prise en charge des multiples pathologies psychiatriques dans le milieu de la Sûreté publique». Evoquant l'intérêt primordial accordé par son secteur à l'élément humain, Ali Tounsi, directeur général de la DGSN, n'a pas manqué de rappeler les multiples initiatives entreprises dans ce cadre, notamment l'organisation des concours de recrutement tout en garantissant tous les moyens matériels en vue d'améliorer les moyens de défense au profit des agents de la Sûreté nationale lors de l'accomplissement de leurs missions. Le premier responsable de la DGSN a également mis l'accent sur l'importance de la prise en charge psychologique des agents de la Sûreté nationale, en assurant «les moyens de promouvoir la psychothérapie et le diagnostic précoce de certains cas de traumatisme psychologique à travers l'élaboration trimestrielle de rapports sur l'état psychologique et sanitaire des fonctionnaires de la Sûreté nationale». Il a été par ailleurs mis en exergue l'importance de l'évaluation du rôle des cellules locales de prise en charge des victimes de psychotraumatisme, créées depuis 16 mois, et la nécessité d'introduire un module sur les psychotraumatismes dans le programme de formation des fonctionnaires de la Sûreté nationale. Les participants ont plaidé enfin pour la consolidation du rôle et de l'intervention des médecins généralistes et des psychologues pour le diagnostic des personnes souffrant de traumatismes psychologiques.
Amel Nour
La Tribune
Samedi 5 février 2005