Hôpital psychiatrique de Chéraga : améliorer les prestations
L'hôpital psychiatrique de santé mentale "Mahfoud Boucebci" de Chéraga est considéré par les spécialistes en la matière comme étant l'un des établissements "les plus importants" en Algérie dans la prise en charge des troubles mentaux des différentes catégories de la population (enfants, adolescents et adultes).
Faisant partie du secteur géographique d'Alger-Ouest qui comprend près de 700.000 adultes et 300.000 enfants, selon les statistiques officielles, ce centre qui compte un effectif de 350 personnes dont 32 médecins et 120 para-médicaux, offre de nombreuses prestations à travers ses différents services et les structures qui lui sont rattachées. Ainsi, le bilan des activités de l'établissement pour l'année 2004 fait ressortir un nombre de 711 malades admis, alors que le nombre de consultations externes avoisine les 18.000.
Pour ce qui est des activités de psychiatrie infanto-juvénile au niveau de l'hôpital de jour à Bouchaoui, il est fait état de 17 malades admis et de 2.461 journées d'hospitalisation. Le Centre de guidance de thérapie familiale de Dely-Ibrahim et qui dépend de l'établissement de Chéraga, a enregistré durant l'année écoulée plus de 13.000 séances de psychothérapie. Ce centre offre des services en matière de psychomotricité, orthophonie, psychiatrie et neurologie infantiles.
Le centre intermédiaire de santé mentale situé au quartier Kaouche et relevant directement de l'établissement "Mahfoud Boucebci", assure, quant à lui, des activités extra-hospitalières consistant notamment en des démarches sociales et des visites à domicile. Il a pour vocation la continuité dans la prise en charge des malades chroniques en extra-hospitalier et prend le rôle d'un relais entre l'hospitalisation et la cellule familiale pour une réinsertion sociale et psycho-éducative. A ce titre, le directeur intérimaire de l'hôpital, M. Mohamed Guendouz a qualifié d'"encourageants" les résultats obtenus par son établissement. Une performance qu'il attribue, en premier lieu, à la "disponibilité des médicaments servis à titre gratuit" et aussi à la "mise en place des structures d'accueil, à l'orientation et la prise en charge des patients".
Le même responsable estime que les "concepts hospitaliers permettent d'évaluer le degré de rentabilité et les performances" et apportent les "renseignements sur le fonctionnement des services cliniques". A titre d'exemple, il cite l'augmentation de la durée moyenne de séjour qui a connu, a-t-il dit, "une hausse" en l'espace de trois ans (entre 2001 et 2004). Cet état de fait trouve sa justification, selon M. Guendouz, dans ce qu'il qualifie de "désocialisation" et du nombre de malades "agités" et qui impliquent "une prolongation de séjour". Par ailleurs, le Pr Farid Kacha a développé les grands axes du plan de prise en charge des troubles mentaux par l'hôpital, une opération qui fait l'objet d'un suivi régulier et permanent par un conseil médical du secteur psychiatrique d'Alger-Ouest.
De nouveaux investissements sont nécessaires
Le premier axe concerne la prise en charge des situations d'urgence et de crise dans une structure pouvant disposer du plateau technique le plus complet possible. Cet aspect se développe à partir de l'unité de psychiatrie du CHU de Bab El Oued, indique le Pr Kacha qui indique que la récupération, tout récemment, du service de neurologie devrait permettre "une meilleure prise en charge" des malades et offrir d'"excellentes perspectives" pour le secteur. Le second axe ayant trait à la prise en charge de la pathologie psychiatrique grave et chronique, nécessite, selon le même spécialiste, "des séjours plus longs" dans l'établissement hospitalier. Il ajoute que cette prise en charge est assurée en "unité fermée" pour les malades "présentant un danger pour eux et pour leur entourage" et en "unité ouverte" pour les "hospitalisations libres". Ce qui permet, a-t-il expliqué, "l'application de la loi sur la santé mentale".
Le troisième volet qui porte sur la prise en charge extra-hospitalière dans les centres intermédiaires en santé mentale, concerne toutes les interventions et les consultations à domicile. Le développement de cet axe permet, relève le Pr Kacha, de "diminuer les rechutes des psychoses chroniques et, donc, des hospitalisations". Quant au quatrième axe, il est consacré à la prise en charge infanto-juvénile en hôpital de jour et en consultation de guidance de l'enfant et de l'adolescent.
Encadrée par une équipe de psychiatres et psychologues maîtrisant les thérapies psychologiques et familiales, cette structure composée d'un centre de crise et d'urgence et d'une unité d'hospitalisation, est considérée par ce même spécialiste comme étant actuellement "la plus performante du pays". Tout en estimant "nécessaires" de nouveaux investissements pour améliorer les prestations de leur établissement, les responsables de l'hôpital psychiatrique de Chéraga appellent les ministères de la Solidarité nationale, de la Sécurité sociale et celui de l'Intérieur et des Collectivités locales à "une synergie des efforts" et une "meilleure collaboration" en vue de trouver des solutions aux malades errants et sans soutien familial.
El Moudjahid
29 août 2005