Journée d'étude sur la toxicomanie à Tizi Ouzou : péril en la demeure !
"La toxicomanie, cheval de Troie de la psychiatrie" est le thème d'une journée d'étude organisée jeudi par l'établissement spécialisé en psychiatrie Fernane Hanafi de Oued Aissi, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, avec la participation de médecins et psychologues des différents CHU du pays, ainsi que de spécialistes venus de France. Echange d'expériences, réflexion sur les voies et moyens de prévention et de lutte contre ce fléau social des temps modernes, classé, selon l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, deuxième marché économique mondial générant des recettes de 500 milliards de dollars (après le marché des armes), constitue l'objectif de cette manifestation, placée sous l'égide du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière.
Une quinzaine de communications ont été programmées à cet effet, dont "jeunesse, toxicomanie et délinquance", "la toxicomanie chez l'adolescent en pratique courante", "cannabis et schizophrénies", et "toxicomanie et pathologies mentales". Selon le Dr Bouguermouh, du CHU de Blida, un quart des adolescents ont commencé à s'adonner à la toxicomanie à l'âge de 14 ans, période correspondant au "remaniement physiologique et psychologique", se référant aux résultats d'une étude réalisée, entre 2001 et 2004, au CHU de Blida sur 24 patients, usant de substances psycho-actives et hospitalisées au service de prévention et de soins aux toxicomanes.
Pour sa part, le responsable de l'office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie a relevé que 85 % des consommateurs se comptent parmi la population juvénile de moins de 35 ans, soulignant, à cet égard, la nécessité d'impliquer l'ensemble des partenaires, particulièrement l'école et la famille, dans la lutte contre ce fléau. M. Salah Abdenour déplore que "de pays transitoire qu'elle était jusqu'à un temps récent, l'Algérie est aujourd'hui devenue consommateur, de par sa proximité des milieux de production et de consommation des stupéfiants, dont notamment la résine de cannabis". Estimant que "le péril est en la demeure", il a indiqué que 64 tonnes de cannabis ont été saisies à travers le pays durant les 12 dernières années, dont 12 tonnes l'ont été en 2004.
A titre comparatif, les statistiques de cet office montrent que six tonnes de cannabis ont été saisies en Algérie en 2000, alors que les quantités saisies pour la même période, en Belgique et en Allemagne sont inférieures à une tonne.
El Moudjahid
12 novembre 2005