Les chiffres fous de la folie en Algérie
Tout en rassurant sur la gratuité et la disponibilité des médicaments, le ministre de la Santé a affirmé que les personnes souffrant de maladies mentales seront totalement prises en charge. Création de nouvelles structures d'accueil et formation complémentaire pour médecins et infirmiers en psychiatrie sont les axes essentiels du programme du ministère pour les 3 prochaines années. 6,6 milliards de dinars sont nécessaires à la concrétisation de ce programme national de santé mentale. Le constat des 5 dernières années, établi par le ministère de la Santé, fait ressortir des insuffisances, notamment le déficit en lits d'urgence dans les hôpitaux psychiatriques, les ruptures de stocks fréquentes en médicaments psychotropes dans les services spécialisés et dans le officines, notamment.
Amar Tou, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, qui a présenté le programme, hier, au siège de son département, a mis l'accent sur la formation « ciblée » de médecins généralistes et de personnels paramédicaux qui seront formés pour renforcer les rangs du personnel spécialisé.
L'objectif étant d'atteindre en 2009, selon ce programme, un ratio de 1,55 psychiatre pour 100.000 habitants (actuellement il est à 1,43) et de 8 infirmiers pour 100.000 habitants. Un total de 378 psychiatres et 2.128 infirmiers exercent actuellement dans le secteur de la santé mentale. Ces nombres sont appelés à augmenter par la mise en place en octobre prochain de courtes formations pour les généralistes et infirmiers désirant prendre part à ces formations. Le nombre de psychiatres sortant de l'université, annuellement estimé entre 30 et 40, ne peut couvrir les besoins de l'ensemble des structures que compte réaliser le ministère de la Santé. Cette formation complémentaire devait concerner 400 médecins généralistes qui seront chargés du traitement des affections mentales les plus fréquentes, est-il signalé. La mise en place du Certificat d'étude spécialisé (CES) de psychiatrie infanto-juvénile est également prévue pour la formation de 120 médecins dans cette spécialité. Le recours à ces formations vient accompagner la réalisation de nouvelles structures hospitalières spécialisées. Ce sont pas moins de cinq établissements de ce genre (EHS), totalisant 440 lits, qui viendront renforcer les structures existantes. Les travaux de deux d'entre eux sont achevés à Sidi Bel-Abbès et Mostaganem avec 120 et 80 lits, alors que ceux de Batna, Sour El-Ghozlane et Ouargla sont en cours de réalisation. Egalement prévue, la création de 16 services psychiatriques de 10 à 30 lits dans les hôpitaux des secteurs sanitaires non dotés de lits de spécialité.
Pour ce qui est des statistiques de l'année 2005, il est indiqué que les affections mentales touchent 26.307 personnes. Les affections les plus répandues étant la psychose avec 13.480 cas (51,24%), l'épilepsie 10.052 cas (38,21%), la dépression 1.560 cas (6,76%). Ensuite vient la névrose avec 753 cas (2,86%), et enfin la démence avec 102 cas (0,38%).
La prévalence des maladies mentales dans la population générale, selon une enquête faite en 2002 sur la santé de la famille, est estimée à 0,5%, soit un total de 150.000 personnes qui sont atteintes. Pour les épileptiques, ils représentent 0,2% de la population générale, soit 63.000 cas.
S. E. K
Le Quotidien d'Oran
27 août 2006