Maladies mentales : 6,6 milliards de dinars pour le programme 2006-2009
M. Amar Tou a présidé, hier-matin au siège de son département ministériel, une journée de présentation du Programme national de santé mentale, qui a bénéficié d'une enveloppe financière 6,6 milliards de dinars. A cette occasion, il a mis en exergue l'importance de ce dossier tout en insistant sur le dispositif de prise en charge des soins psychiatriques dans les CHU, les EHS et les secteurs sanitaires.
Selon l'OMS, plus de 405 millions de personnes sont atteintes de troubles mentaux ou neurologiques ou souffrent de problèmes psycho-sociaux associés notamment à l'alcoolisme ou à la toxicomanie. D'autres part, la dépression est actuellement la 5e cause de mortalité et de handicap dans le monde. Par contre, on estime que plus de 12,5% de la morbidité mondiale est due aux troubles mentaux et neurologiques. En Algérie, les résultats de l'enquête nationale sur la santé de la famille en 2002 estiment que la prévalence des maladies mentales dans la population générale est de 0,5%, environ 150.000 personnes. Par contre, celle de la maladie épileptique représente 0,2%, soit 63.000 personnes.
Pour ce qui est de morbidité hospitalière pour l'année 2005, on compte 26.307 cas, dont 13.480 cas, soit 51,24%, relevant de psychose, 10.052 cas, soit 38,1%, d'épileptie, 1.560 cas, soit 6,76%, atteints de dépression, 753 cas, soit 2,86%, de névrose et 102 cas, soit 0,38%, de démence. Pour ce qui du dispositif de prise en charge des soins psychiatriques dans les structures hospitalières, on compte 4.722 lits, 196 psychiatres et 1.473 infirmiers en soins psychiatriques. Pour ce qui est soins extra-hospitaliers, il existe 188 centres intermédiaires de santé mentale dans 46 wilayas. Par contre on compte 81 consultations assurées par un psychiatre, 138 par un médecin généraliste et 132 par un psychologue. Pour ce qui est du personnel paramédical, on compte aussi 3 centres intermédiaires des soins en toxicomanie à Annaba, Oran et Bab-El-Oued en plus de 138 cabinets privés à travers le territoire national.
S'agissant des ratios de couverture sanitaire, on dénombre en moyenne pour 33 millions d'habitants, 1,43 lit pour 10.000 habitants, 1,13 psychiatre pour 100.000 habitants, 1 psychiatre pour 6 infirmiers et 1 psychiatre pour 25 lits. Selon les intervenants, l'évaluation de 5 années de mise en œuvre de ce programme a fait ressortir des insuffisances en matière de lits d'urgence psychiatriques dans les hôpitaux généraux et saturation rapide des services prenant en charge l'urgence psychiatrique, une rupture fréquente en médicaments psychotropes dans les services spécialisés et les officines et une insuffisance flagrante en ressources humaines spécialisées. D'autre part, la sectorisation actuelle psychiatrique ne convient plus à la demande de soins.
Parmi les objectifs tracés par le Programme national de santé mentale pour l'année 2009, on cite la nécessité d'atteindre les ratios de 1,5 lit pour 10.000 habitants, 1,55 psychiatre pour 100.000 habitants et 8 infirmiers en soins psychiatriques pour 100.000 habitants. Le programme de développement insiste sur la réalisation de 5 établissements spécialisés totalisant 440 lits à Sidi Bel-Abbès, Mostaganem, Sour El-Ghozlane, Batna et Ouargla. Il y aura aussi des hôpitaux de secteurs sanitaires non dotés de lits spécialisés.
Pour ce qui est des structures extra-hospitalières, il aura la création d'une unité de service de psychiatrie chargée des soins et de prévention de toxicomanie à Constantine, 3 centres intermédiaires de soins en toxicomanie, dont 2 à Alger et 1 à Tizi Ouzou et 2 centres intermédiaires en santé mentale au niveau de 2 wilayas non dotées. Pour la période 2006-2009, le programme insistera sur la formation de 160 infirmiers en psychiatrie. Ce chapitre bénéficiera d'une enveloppe financière de 200 millions de dinars pour la période 2006-2009. Pour la même période, une enveloppe financière de 1,250 million de dinars est consacrée à la réalisation de structures spécialisées. 1,200 million de dinars sont destinés aux médicaments et 200 millions de dinars aux équipements, toujours pour la même période.
Sarah SOFI
El Moudjahid
26 août 2006